Je ne veux pas de petite sœur !

Un jour, ma maman est venue dans ma chambre, et elle m’a fait un sourire grand comme ça. Et puis mon papa aussi est venu dans ma chambre et il m’a dit :
– Tu sais, Léa, bientôt tu auras une petite sœur !
Moi, j’ai répondu du tac au tac :
– Et pourquoi pas un petit frère ?
– On a vu la photo du bébé dans le ventre de maman ce sera une petite sœur, a répondu mon papa.
J’ai grogné :
– Et moi, pourquoi on ne me prend jamais en photo ?

Alors, mon papa m’a prise en photo. Avec ma maman et son gros ventre. Mais j’ai encore grogné :
– Non, je veux une photo avec moi toute seule !
Mon papa a soupiré et m’a prise en photo. Toute seule.
Après le gros ventre, il y a eu l’histoire du landau. Ma maman a dit :
– On va aller choisir le landau de ta petite sœur.
– Ben et pourquoi moi ?
– Parce que tu seras la grande sœur et que tu pousseras le landau dans le jardin.

Chez le marchand, j’ai choisi le plus nul des landaus, un truc avec des fleurs partout.
– C’est génial ! a dit maman.

Et puis après, bien sûr, « elle » est née. Ah, ben oui.
Elle n’allait pas rester toute sa vie dans le ventre de ma maman. Et, du coup, tout le monde s’est retrouvé autour du berceau. Les papis, les mamies, les tontons, les tatas, les cousins et les cousines. Un véritable troupeau de famille !

Et ils se sont tous mis à jacasser :
– Comme elle est mignonne !
– Elle est adorable !
– Et si mouimoui !
– Fais la risette à Tonton !
– Bisous-bisous-bisous de Tataaaaaaaa !
Et moi, bien sûr, on m’a laissée toute seule dans mon coin. Pas grave, je m’en fiche, mais quand même !
Enfin, papi Georges m’a vue. Il m’a souri :
– Hé bien, ma grande, ta petite sœur c’est une vrai princesse !
Ben, si lui aussi, il s’y mettait !
En plus, le lendemain, à la maison, on n’a plus entendu parler que de tétées…
– C’est quand la tétée ?
– Tu as donné la tétée ?
– Tu n’as pas oublié la tétée ?

Ma maman, elle, m’a demandé :
– Ça va, ma grande ?
En me caressant les cheveux avec le bébé dans les bras sans même le voir.
Et puis à un moment, ma petite sœur s’est mise à pleurer mais à pleurer ! A hurler même. Je me suis bouché les oreilles. Mon papa est arrivé et il m’a dit dans le creux de l’oreille :
– C’est terrible, je ne peux plus supporter ça. Tu viens te promener avec moi ?
On est allés au parc, tous les deux.
– Tu as vu comme ta petite sœur pleure fort ? a demandé mon papa. Il a ajouté en faisant de grands gestes :
– On aurait dit que ses cris allaient casser les vitres !
J’ai rigolé. Il a continué :
– Je t’assure, si ça continue comme ça, il faudra la bâillonner !
J’ai encore rigolé.

– Vraiment, je n’ai jamais entendu ça ! a encore dit mon papa. Ah si, je me souviens : une fois, une seule fois… J’ai demandé :
– Et c’était qui ?
– C’était toi, ma Léa ! a dit papa. Tu avais hurlé si fort que ton papi Georges avait même dit :
 » Celle-là, avec un cri pareil, elle sera reine du monde ! »
Puis papa m’a fait un clin d’œil et m’a ouvert ses bras. Je me suis blottit contre lui et c’est ainsi que j’ai commencé à aimer ma petite sœur…

Texte : René Gouichoux / Illustrations : Clémence Pénicaud

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